La rétine est la partie nerveuse, située au fond de l’œil, qui transmet les informations visuelles au cerveau.
L’atrophie de cette rétine entraîne une perte de vision plus ou moins importante et précoce.
Elle peut être héréditaire ou acquise suite à une maladie (maladie de Carré, diabète, glaucome…). La seule forme d’atrophie rétinienne qui nous concerne ici est l’atrophie rétinienne progressive généralisée. Il s’agit d’un terme général regroupant plusieurs anomalies héréditaires, qui apparaissent plus ou moins tôt dans la vie de l’animal selon les races concernées (entre six mois et cinq ans environ). On constate généralement une perte de vision d’abord la nuit, et l’œil est souvent dilaté et paraît plus brillant. Il existe parfois une cataracte associée (coloration blanchâtre de la pupille ou cristallin). Les races prédisposées sont, pour n’en citer que quelques unes, le colley, le setter irlandais, le schnauzer nain, le briard, le malamute, le caniche nain, les cockers, le labrador, le husky… Le diagnostic se fait par un examen du fond de l’œil et éventuellement un E.R.G. (électrorétinogramme), examen permettant de tester directement le bon fonctionnement de la rétine.
Nous testons toutes nos femelles et nos mâles qui sont déclarés indemnes de toute maladie des yeux. Et nous ne choisissons que des mâles ayant également subi l’examen permettant de déceler ces maladies.
Quelques rappels anatomiques sont nécessaires pour appréhender la nature des maladies héréditaires de l’œil.
1. CRISTALLIN
Véritable lentille, le cristallin est le siège de très nombreuses affections héréditaires. Les principales sont les cataractes et les luxations du cristallin.
– Les cataractes : Une une cataracte est une opacification du cristallin. Les causes en sont très variées, héréditaires ou acquises : diabète, inflammations, traumatismes, sénilité… Pour décider du caractère héréditaire d’une cataracte, il convient de prendre en compte sa nature, sa localisation, la race et l’âge du chien atteint. En effet, chaque race atteinte de cataracte héréditaire développe cette maladie selon des particularités bien précises. Les cataractes peuvent être congénitales comme chez le Schnauzer nain ou apparaître plus tard dans la vie du chien comme chez le Golden Retriever ou le Boston Terrier. Il est essentiel d’écarter les animaux atteints de la reproduction. Notons que les cataractes sont fréquemment associés à d’autres anomalies oculaires.
Cataracte dite mature
– La luxation du Cristallin est due à une faiblesse des fibres maintenant en place le cristallin. Cette maladie apparaît généralement entre l’âge de 3 et 6 ans et frappe surtout les races de terriers, en particulier le Jack Russel, le Sealyham, le Fox et le Border. Elle est habituellement bilatérale même si les deux cristallins ne se luxent pas en même temps. Ces lésions nécessitent une intervention chirirgicale en urgence dans la mesure ùo elles font le lit d’infections plus grave comme le glaucome. La transmission se fait selon le mode autosomal récessif. Les chiens atteints doivent absolument être écartés de la reproduction, de même que les animaux qui leur sont apparentés
2. MALADIES DU VITRÉ
Le vitré est une sorte de « gelée » qui remplit l’espace situé entre l’arrière du cristallin et la rétine. On décrit dans certaines races telles que le Doberman et le Staffordshire Bull Terrier une persistance du vitré primitif qui correspond à un défaut dans le développement embryonnaire de l’œil.
Cette maladie se traduit par une opacité sise en arrière du cristallin, avec ou sans hémorragie associée. Une cataracte est souvent associée.
3. MALADIES DE LA RÉTINE
Les anomalies héréditaires et congénitales de la rétine sont légion. Citons dans les maladies congénitales la dysplasie rétinienne et l’anomalie de l’œil de Colley. D’autres conditions se développent plus tard dans la vie. C’est le cas de l’atrophie rétinienne progressive
– La dysplasie rétinienne est une anomalie cogénitale de la différenciation de la rétine. Plusieurs formes (localisées et totale) sont décrites, en particulier chez le Cavalier King Charles, le Rottweiler, l’Américan Cocker Spaniel, l’English Springer Spaniel et le Golden Retriever. L’impact sur la vision est généralement minimal, sauf quand la rétine se décolle, ce qui aboutit à la cécité. Les formes les plus graves frappent des races comme le Sealyham Terrier, le Bedlington Terrier et le Labrador Retriever. Les chiens atteints sont aveugles.
– L’anomalie de l’œil de Colley est ainsi appelée car elle fut décrite pour la première fois dans cette race. Cependant, elle atteint, bien sûr le Colley, mais aussi le Shetland et le Border Collie. On peut la diagnostiquer dès l’âge de 6 semaines. Il y a un amincissement ou une absence d’une partie de la rétine, latéralement au disque optique, avec des anomalies vasculaires choroïdiennes associées. S’y associ un colobome qui correspond à un trou dans le disque optique, donnant un aspect en, « peau de tambour ». Beaucoup de chiens ont néanmoins une vision quasi-normale mais ils sont très exposés au décollement de rétine et aux hémorragies rétiniennes qui les rendent invariablement aveugles (souvent avant l’âge d’un an). Cette maladie se transmet selon le mode autosomal récessif.
– Les atrophies rétiniennes progressives peuvent être généralisées ou centrales. Les premières se caractérisent par une dégénérescence rétinienne qui se complique de cataracte. Typiquement rencontrées chez le Caniche nain et miniature, l’English Cocker Spaniel et le Labrador Retriever, elles se manifestent tout d’abord par une baisse de la vision nocturne puis diurne, aboutissant à la cécité vers le milieu de la vie. Certaines races (Setter Irlandais) sont affectées dès leur plus jeune âge. Dans cette dernière race, le gène responsable de cette maladie a été identifié et des tests génétiques sont aujourd’hui disponibles. Ils devraient l’être prochainement dans les autres races.
Les secondes sont également héréditaires, mais aussi influencées par certains facteurs nutritionnels tels que l’apport de vitamine E. Elles se manifestent essentiellement par une baisse de la vision périphérique.
4. NERF OPTIQUE
Heureusement plus rares, les maladies héréditaires du nerf optique incluent l’hypoplasie (trop petite taille), observée chez le Caniche nain et miniature, et le colobome (absence de tissu).
5. ANOMALIES MULTIPLES
Pour conclure, notons que certaines rares canines sont volontiers atteintes d’anomalies multiples associant microphtalmie (oeil trop petit), persistance de la membrane pupillaire, cataracte, dysplasie rétinienne, nystagmus (mouvements involontaires du globe oculaire). Il s’agit du Saint Hubert, du Cavalier King Charles, du Doberman, du Bobtail et du Golden Retriever.
6. PRÉVENTION
Quand un éleveur produit des sujets appartenant à une race à risque, son devoir est de faire contrôler les géniteurs.
Ce n’est qu’a ce prix qu’on éliminera le fléau que représentent les tares oculaires.